Les arbres sont des êtres vivant, organisés et structurés, vivant en symbiose avec les espèces environnantes. Ils se développent afin d’étendre leurs feuillages et ainsi capter un maximum de soleil indispensable à leurs développements dont ils ne seront pas les seuls à profiter. En plus de servir d’abris à la faune qui les entourent, ils restituent au sol prêt de 70% de la masse carboné qu’ils produisent.
Indispensables dans notre société, ils sont nos alliés dans la lutte contre le réchauffement climatique, ils interviennent autant sur la lutte contre les sécheresses que contre les risques d’inondations, nous offrent leurs ombres bienfaitrices en période de canicule et leurs bois comme ressource de chauffage. Il est donc indispensable pour nous de cohabiter avec eux.
Cependant, leurs développements et leurs ampleurs, peut parfois gêner cette cohabitation. Ces gênes peuvent être d’ordre divers (manque de place, esthétique, manque de lumières, crainte d’une faiblesse menaçant une cible potentiel) et peuvent nécessiter une intervention d’un élagueur pour aider à résoudre cette situation gênante pour l’homme.
Des besoins des Hommes est née l’élagage, ce métier est relativement récent (début des années 1900), tout comme les avancées des études de dendrobiologie qui préconisent une taille « raisonnée » seulement depuis le début des années 80. La « taille raisonnée », souvent confondue avec la « taille douce », elle-même en opposition avec la « taille drastique », s’impliquera toujours dans une démarche, de diagnostic et de préconisations pertinentes dans un contexte, et ne se contente pas seulement de minimiser les diamètres de coupes, mais cherche également à en réduire les quantités et leurs impacts en limitant leurs nombres aux zones ciblées de l’arbre.
Prenant en compte que chaque arbre est unique, l’élagueur proposera une taille appropriée après avoir réalisé un diagnostic individuel et personnalisé de chaque sujet. Cependant dans l’intérêt de l’arbre, qui rappelons le, n’a pas besoin de l’intervention, gardons en tête cette règle primordial : « L’élagage sévère nuit gravement à la santé et la beauté de vos arbres ».
C’est avec ce regard et cette démarche que j’entends travailler sur vos arbres, car si l’intervention de l’élagueur est parfois essentielle au confort de l’homme, il n’en reste pas moins que cette intervention se fait sur un être vivant d’un écosystème fragile mais indispensable à la vie.
Certaines pratiques, malheureusement trop souvent employées sont à proscrire car elles ne répondent ni aux besoins de l’arbre, ni à ceux du client, car à moyen terme, elles engendreront d’autres problèmes, voire même le résultat inverse de celui espéré. Un étêtage, par exemple, dont le but est de réduire la hauteur d’un arbre pour éviter qu’il ne tombe sur une toiture ou autre finira finalement à moyen terme par un abattage. En effet, le sujet s’il est suffisamment vigoureux reprendra vite sa hauteur initiale, mais avec des suppléants beaucoup moins solides engendrant des risques de casses qui n’existaient pas à l’origine. S’il manque de vigueur il ne repoussera pas. Dans les deux cas, le risque de subir une attaque de pathogènes, aux blessures que sont les coupes sera grands, augmentant là aussi le risque de la perte total de l’arbre.
L’évolution constante des connaissances en dendrobiologie nécessite d’être attentif aux observations faites sur le terrain et les résultats obtenus, mais également d’oser remettre en cause des pratiques pourtant courante. La recherche continue d’information et de formation est également nécessaire pour appliquer les bonnes méthodes.
Fort de ces informations, et dans le but de préserver la santé de vos arbres, je me refuse d’utiliser certaines méthodes mais m’appliquerai à vous apporter une solution plus adéquat. Dans le même optique je reste en lien étroit avec la S.F.A, le CFPPA d’Antibes et leurs formateurs afin de toujours au fait des dernières découvertes et méthodes de travail.
Voici par exemples quelques idées reçues qui nuisent à vos arbres et que certains élagueurs utilisent comme arguments de ventes.
- « Tailler un arbre le rajeuni » : Faux !!!! La réaction rapide et visible de « repousse » des branches et feuilles n’est pas due à un « rajeunissement » provoqué par la taille, mais fait partie des mécanismes que l’arbre met en place suite à une blessure ou un stress, pour recréer la masse foliaire qu’il a perdu. Celle-ci est indispensable à la transformation de la sève brute en sève élaboré par le phénomène de photosynthèse qui se produit grâce au feuilles !!
Cette réaction de « repousse » dépend de plusieurs point clés :
- L’état physiologique de l’arbre
- Son essence : Toutes les essences ne crée pas de branches suppléantes.
- Sa vigueur et ses réserves carbonés.
- La qualité de la taille
L’utilisation de ces réserves peux également nuire à l’arbre si ce dernier venait à être confronté à d’autres attaques ou stress.
- « L’élagueur guéris les arbres » : Faux !!!! Par quel miracle grimper dans un arbre armé de scie et tronçonneuse (parfois même de griffes aux pieds) pourrait-il guérir quoi que ce soit ? Au même titre que l’amputation d’un membre sur un humain ne le soigne pas, la coupe d’une branche peut éventuellement éviter une propagation, mais dans la plupart des cas cela ne fait que créer une blessure, porte d’entrée potentiel d’un pathogène.
Il est donc important de garder en tête que l’intervention de taille, quel que soit le motif, si l’objectif est de conserver l’arbre, doit être la plus minime possible. Un élagueur ne doit pas être jugé sur la quantité de branche et/ou de bois qu’il retire…
- « L’arbre penche, il est dangereux, il faut l’abattre » : Faux !!!! Un arbre qui penche n’est pas forcément dangereux. Une inclinaison ou une courbure, qui s’est fait tout au long de sa croissance n’est en rien un signe de danger, les arbres ont tous des capacités d’adaptation face à ce phénomène et fabrique au fur et à mesure de leur développement du bois de renforcement. Certains comme les résineux créeront du bois de compressions sous l’inclinaisons, qui soutiendra l’arbre à la manière d’un étai alors que les feuillus préfèrerons du bois de tension qui retiendrons le bois à la manière d’un hauban.
Il se peut cependant que l’inclinaison d’un arbre soit très récente. Là encore le danger n’est pas forcément avéré et il convient de se poser les bonnes questions :
- A quoi est due l’inclinaison ? A quelle vitesse évolue-t-elle ?
- Va-t-elle s’accentuer ?
- L’arbre a t’il la capacité (et le temps ?) de s’y adapter ?
- Sa chute serait-elle réellement dangereuse ? (Probabilité qu’une cible fragile à forte valeur soit présente à l’endroit et au moment de la chute ?)
- Est-il possible de mettre en place une autre solution que l’abattage ?
- « Les arbres creux sont dangereux » : Faux !!!! Là encore tous les arbres creux ne sont pas dangereux, il faut prendre en compte de nombreux paramètres.
- La quantité de bois résiduel et les bois de renforts sont-ils suffisants autour de la zone faible ?
- Son exposition et son emprise au vent sont-elles suffisantes pour laisser croire à un échec ?
- Là aussi, sa chute serait-elle réellement dangereuse ?
Un arbre creux dont la quantité de bois résiduel est très faible voir même sans renforts mais dont le houppier n’est pas exposé au vent, soit car peux volumineux, soit car protéger par d’autres congénère peut facilement tenir debout durant plus d’une vie humaine. Tout comme un arbre qui semble sain peu tomber sans crier gare lorsqu’il sera exposé à un vent contraire aux vents dominants auxquels il s’est préparé durant sa croissance.
- « Tailler un arbre réduit sa prise au vent et limite la casse » : Faux !!!! On a tendance à voir le houppier d’un arbre comme une grande voile de bateau que le vent viendrait gonfler jusqu’à la rupture. Mais les feuilles (ou aiguilles) et les branches de la plus petites à la plus grande agissent plutôt comme des milliers de petits amortisseurs déviant et absorbant chacun une petite quantité de vent, divisant ainsi sa force et donc les risques de dégâts. Un arbre taillé de manière trop sévère se retrouvera exposé au vent les plus fort appliqué directement sur ces branches nue les moins flexibles. S’il en a le temps, il retrouvera son feuillage, mais les suppléants apparus après cette taille mettront des années, si tant est qu’ils y arrivent, à atteindre la solidité de ceux qu’ils remplacent.
- « Une taille sévère permet d’y revenir moins souvent » : Faux !!!! Là encore si la taille est trop sévère, l’arbre cherchera à remplacer son feuillage le plus rapidement possible. Les suppléants vont pousser de manières plus anarchique, ils chercheront à reprendre leurs longueurs et leurs feuillages, redonnant ainsi très rapidement à l’arbre son volume initial sans pour autant avoir la solidité des branches d’origines. En favorisant une taille légère, mais ciblé, tout en laissant à l’arbre l’opportunité d’une évolution, il n’aura pas le besoin de renouveler la ou les branches supprimées évitant ainsi une nouvelle intervention. Résultat : Une seule petite intervention limitant les risques pour l’arbre et une solution plus économique sur le long terme.
Bref, méfions-nous de ces idées reçues, aidons-nous des connaissances scientifiques et de leurs évolutions, pour préserver le patrimoine arboricole.
Respectons nos arbres, ils nous le rendent bien.